La lésion médullaire : paraplégie / tétraplégie

Généralités
Les lésions médullaires résultent d’un traumatisme ou d’une maladie affectant la moelle épinière, qui est un organe clé du système nerveux central. Située dans le canal rachidien, la moelle épinière assure la transmission des messages entre le cerveau et le reste du corps. Une atteinte à ce niveau entraîne une perte de motricité, de sensibilité, et de contrôle des fonctions autonomes (vessie, intestins, respiration…), dans les parties du corps situées en dessous de la lésion.
On distingue principalement deux types de paralysie selon la hauteur de la lésion :
La paraplégie : paralysie partielle ou totale des deux membres inférieurs (lésion au niveau dorsal, lombaire ou sacré)
La tétraplégie (ou quadriplégie) : atteinte des quatre membres (lésion cervicale)
Ces atteintes peuvent être complètes (aucune fonction motrice ou sensitive sous la lésion) ou incomplètes (fonction conservée partiellement).
Quelques chiffres clés sur les lésions médullaires
En France, on estime qu’environ 1 200 à 1 500 nouveaux cas de lésions médullaires surviennent chaque année
Les principales causes sont les accidents de la voie publique, les chutes, les plongées en eau peu profonde, les traumatismes violents, mais aussi certaines pathologies (tumeurs, infections, maladies dégénératives)
Environ 40 000 personnes vivent avec une lésion médullaire en France
L’âge moyen au moment du traumatisme est d’environ 30 à 35 ans, avec une majorité d’hommes
Dans 80 % des cas, il s’agit de lésions complètes
Les personnes tétraplégiques ont un niveau de dépendance élevé et nécessitent un accompagnement quotidien
La rééducation après une lésion médullaire
La rééducation fonctionnelle est une étape essentielle dans la prise en charge des personnes paraplégiques ou tétraplégiques. Elle commence le plus tôt possible, dès la stabilisation de l’état médical, souvent en centre spécialisé avant un retour progressif à domicile.
Objectifs de la kinésithérapie :
Prévenir les complications liées à l’immobilité (escarres, phlébites, troubles respiratoires, infections urinaires, etc.)
Maintenir et renforcer les muscles encore fonctionnels
Préserver les amplitudes articulaires, pour éviter les rétractions musculaires et les raideurs
Améliorer le contrôle postural et l’équilibre
Favoriser l’autonomie fonctionnelle, en travaillant les transferts (lit/fauteuil, fauteuil/toilettes), les déplacements, la verticalisation…
Accompagner la reprogrammation motrice, en cas de récupération partielle
Limiter la spasticité (raideur musculaire) par des étirements et des mobilisations
Accompagner la réappropriation du schéma corporel dans un nouveau rapport au corps
Contenu des séances
La rééducation est toujours personnalisée, car chaque patient présente un tableau clinique différent. Les séances peuvent inclure :
Des mobilisations passives et actives assistées
Du renforcement musculaire ciblé
Des exercices de transferts et d’équilibre
Du travail avec matériel spécifique (verticalisateur, fauteuil roulant, plan incliné, tapis de marche avec harnais)
L’apprentissage de techniques de compensation (comment réaliser un geste autrement, avec d’autres muscles ou avec de l’aide technique)
Des techniques de rééducation respiratoire, surtout en cas de tétraplégie haute
Un accompagnement global et humain
Les lésions médullaires ne touchent pas uniquement le corps : elles ont un impact psychologique, émotionnel et social majeur. La perte d’autonomie, l’acceptation du handicap, la douleur chronique ou les modifications de la vie intime sont des sujets à part entière. Le rôle du kinésithérapeute est aussi :
De rassurer et encourager la personne dans son processus de réadaptation
De l’aider à reprendre confiance en ses capacités
De l’impliquer activement dans sa progression
De travailler en étroite collaboration avec les autres professionnels : ergothérapeutes, psychologues, orthophonistes, médecins de médecine physique, etc.
L’après-rééducation : vers une vie réinventée
Une fois la rééducation stabilisée, le suivi peut se poursuivre en cabinet libéral ou à domicile. L’objectif est alors de maintenir les acquis, prévenir les rechutes ou les complications, et continuer à favoriser l’autonomie au quotidien.
Grâce aux progrès médicaux, à la neuroplasticité et à la prise en charge globale, de nombreux patients retrouvent une meilleure qualité de vie, malgré les limitations. La pratique d’une activité physique adaptée, la mise en place d’aides techniques et l’accompagnement de l’entourage sont des éléments essentiels pour se reconstruire et avancer.
Une équipe pluridisciplinaire pour vous accompagner
La prise en charge des personnes paraplégiques ou tétraplégiques repose sur un accompagnement médical et rééducatif intensif et individualisé.
Le médecin spécialiste (neurologue, MPR*) établit le bilan fonctionnel, coordonne les soins, adapte les traitements et suit l’évolution neurologique.
Le kinésithérapeute intervient pour prévenir les complications (rétractions, escarres, troubles respiratoires), entretenir la mobilité articulaire, stimuler les fonctions motrices résiduelles et accompagner l’autonomie dans les transferts et les gestes du quotidien.
Cette prise en charge régulière et adaptée contribue à améliorer la qualité de vie et le confort du patient au long cours.