La rééducation périnéale masculine
Généralités
La rééducation périnéale chez l’homme est principalement pratiquée après une prostatectomie pour traiter l’incontinence urinaire et améliorer la fonction pelvienne. Toutefois, elle est également utile dans d’autres situations médicales impliquant des troubles pelviens. Voici quelques raisons courantes pour lesquelles un homme peut consulter un kinésithérapeute spécialisé dans la rééducation périnéale :
Prostatectomie (cancer de la prostate) : La rééducation permet de récupérer la continence urinaire et la fonction sexuelle après l’intervention, en rééduquant les muscles du périnée et en améliorant le contrôle musculaire.
Entérocystoplastie (cancer de la vessie) : Cette chirurgie peut entraîner des troubles urinaires. La rééducation périnéale aide à restaurer un bon fonctionnement du plancher pelvien et à réduire les symptômes d’incontinence.
Urgenturies et pollakiuries : Ces troubles de la miction (envies fréquentes et urgentes ou trop fréquentes) sont souvent liés à des dysfonctionnements du périnée. La rééducation améliore le contrôle de la vessie et atténue ces symptômes.
Dysuries : Les difficultés ou douleurs à uriner peuvent être liées à des problèmes du plancher pelvien. La rééducation périnéale aide à coordonner les muscles pelviens et à soulager cette gêne.
Incontinence anale : Après certaines chirurgies, y compris la prostatectomie, des lésions musculaires peuvent entraîner une incontinence anale. La rééducation périnéale se concentre sur le renforcement du sphincter anal et la maîtrise de la continence.
Dyschésie/Constipation : La rééducation périnéale peut aider à améliorer la gestion des muscles du périnée et du sphincter anal pour soulager les troubles de la défécation, tels que la constipation ou la difficulté à évacuer les selles.
Douleurs pelvi-périnéales : Les douleurs dans la région pelvienne ou périnéale, souvent liées à des dysfonctionnements musculaires ou à des blessures, peuvent être soulagées par la rééducation afin de restaurer un bon équilibre musculaire.
Dans tous ces cas, la rééducation périnéale permet de traiter les dysfonctionnements pelviens, d’améliorer la qualité de vie et d’aider à la récupération après des interventions chirurgicales.
1- Kinésithérapie préopératoire dans le cadre d'une prostatectomie
Avant une prostatectomie, l’urologue peut recommander 2 à 3 séances de kinésithérapie. Bien qu’il n’y ait pas d’incontinence urinaire à traiter à ce stade, ces séances sont néanmoins très bénéfiques pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, elles permettent de compléter les informations fournies par le médecin et de répondre aux questions que vous pourriez avoir avant l’intervention. Parfois, certaines informations données lors des consultations peuvent être oubliées, ou il peut y avoir des interrogations restées sans réponse, notamment sur les conséquences urologiques ou sexuelles après l’opération. Le kinésithérapeute est là pour vous aider à comprendre l’intervention, dissiper vos doutes et répondre à vos préoccupations.
Les séances préopératoires sont également l’occasion de vous familiariser avec les muscles du périnée. Cela inclut des exercices de tonification du périnée, des techniques que vous pourrez réutiliser immédiatement après l’opération. Cette préparation permet de mieux contrôler les efforts et de réduire le risque d’incontinence post-opératoire.
Des études montrent qu’une préparation des muscles du plancher pelvien avant la chirurgie peut diminuer la fréquence et la sévérité de l’incontinence urinaire dans les suites immédiates de l’intervention. Cependant, la rééducation ne se limite pas seulement aux muscles du périnée. L’état général, le moral, ainsi que des exercices globaux pour renforcer le corps, sont également essentiels pour un rétablissement optimal et une gestion efficace des fuites urinaires.
2- Kinésithérapie post-opératoire dans le cadre d'une prostatectomie
Bien que les avancées techniques aient réduit les risques de séquelles après une prostatectomie, la rééducation post-opératoire demeure un facteur clé pour accélérer la récupération. En moyenne, environ 90 % des patients n’ont plus d’incontinence urinaire un an après l’opération, avec ou sans rééducation. Toutefois, la rééducation peut grandement accélérer ce processus.
Dès la phase post-opératoire immédiate, pendant que la sonde est encore en place, il est possible de commencer des séries de contractions douces du périnée, combinées à des exercices de respiration. Ces contractions vont permettre de réveiller les muscles du périnée et de préparer le corps au retrait de la sonde, tout en aidant à drainer la zone opérée.
Une fois à la maison, vous pourrez appliquer les exercices du périnée enseignés par votre kinésithérapeute. Cette période post-opératoire peut être marquée par de l’anxiété, ce qui est tout à fait normal. Votre kinésithérapeute sera là pour vous accompagner et vous soutenir jusqu’à votre rendez-vous de contrôle avec l’urologue.
À partir de 30 jours après l’opération, si nécessaire, un programme de rééducation plus avancé peut être mis en place. Cela inclut des techniques manuelles et l’utilisation de la sonde pour biofeedback et électrostimulation. Ces exercices sont progressifs et ont pour objectif de rétablir un bon contrôle urinaire, notamment lorsque vous êtes debout ou que vous effectuez un effort.
Une équipe pluridisciplinaire pour vous accompagner
La rééducation périnéale masculine, notamment après une prostatectomie, repose sur une collaboration étroite entre le médecin et le kinésithérapeute.
Le médecin assure le suivi post-opératoire, évalue les complications potentielles et oriente vers une prise en charge adaptée pour restaurer les fonctions urinaires et sexuelles.
Le kinésithérapeute intervient pour renforcer les muscles du plancher pelvien, améliorer le contrôle sphinctérien et réduire les symptômes liés à l’incontinence. Grâce à des exercices personnalisés, il accompagne le patient dans la récupération fonctionnelle et la reprise d’une vie quotidienne normale.
Cette prise en charge coordonnée optimise la réhabilitation et la qualité de vie du patient après l’intervention.